__________________________________INNOVATION on ENGINEERING, MANUFACTURING, FINANCING shaping the AEROSPACE INDUSTRY

17 février 2010

Airbus doit-il craindre un marché de l’aéronautique de plus en plus oligopolistique ?

L’avance technologique et l’expérience acquises par le consortium européen tout au long de sa conquête du marché lui permettent de voir venir. Néanmoins, il doit prendre conscience des nouvelles ambitions de sociétés chinoise, russe, brésilienne, japonaise et canadienne, jusqu’à présent orientées sur l’aviation civile régionale.

Alors que cette dernière décennie est marquée par un marché de l’aéronautique essentiellement duopolistique, Airbus et Boeing doivent aujourd’hui faire face à la concurrence de nouveaux entrants.

L’avance technologique et l’expérience acquises par le consortium européen tout au long de sa conquête du marché lui permettent de voir venir. Néanmoins, il doit prendre conscience des nouvelles ambitions de sociétés chinoise, russe, brésilienne, japonaise et canadienne, jusqu’à présent orientées sur l’aviation civile régionale.

Ainsi, la création de la Comac (Commercial Aircraft Corp of China) en mai 2009, société d’Etat, résulte de l’objectif annoncé par les autorités chinoises : devenir le 1er avionneur en Chine, puis - à terme - atteindre une envergure mondiale. Dans ce sens, la Comac a mis au point le 1er moyen courrier chinois, le C919, qui sera opérationnel dans huit ans. En concurrence directe avec l’A320 et le B737, le C919 apparait très compétitif, puisque 10% moins cher. La Comac espère alors en vendre 2400 entre 2016 et 2035, ce qui lui procurerait 10% des parts de marché. Cet appareil est annoncé comme étant « le plus menaçant des prétendants », à en croire Jean-Georges Malcor, patron de la division aéronautique de Thalès.

A chaque concurrent sa stratégie : selon Olivier Fainsilber (responsable du secteur aéronautique au cabinet Olivier Wyman), Bombardier a souhaité déstabiliser Boeing et Airbus sur le secteur aéronautique où ils sont les plus vulnérables, les avions de 130 à 150 places, avec le C-Series. D’autres, à l’instar de l’industriel japonais Mitsubishi Aircraft qui s’est groupé avec Kawasaki, vont jusqu’à créer des partenariats de sous-traitance ; par exemple avec le conglomérat industriel chinois Avic. Le Russe Sukhoï est en train de développer un appareil entrant dans ce même marché, le SSJ100. Le n°3 mondial de l’aéronautique, le Brésilien Embraer, qui se limitait jusqu’à présent aux avions régionaux, réfléchit désormais à se placer en concurrence directe avec Boeing et Airbus. Selon l’agence Reuters, tirant ses informations du vice-président de la division Avions commerciaux d’Embraer (Mauro Kern), avant l’ouverture du salon aéronautique de Singapour, un appareil serait en préparation pour 2011, dont la livraison serait prévue pour 2015.

Nonobstant l’esquisse d’un futur oligopole, les nouveaux entrants font néanmoins face à certains obstacles : leur difficulté à attirer des clients tient en particulier au fait qu’aujourd’hui, seul le Canadien Bombardier dispose de services d’assistance au client, parallèles à ceux d’Airbus et Boeing. La crise économique et financière de 2008 a, de surcroît, coûté cher à ces prétendants, au point qu’en 2009, Embraer annonçait la suppression de 4000 emplois, pendant que Bombardier en supprimait 5000.

Pourtant, les deux géants de l’aéronautique doivent impérativement tenir compte de la montée en puissance de ces futurs rivaux. Plutôt que de multiplier les tentatives de déstabilisation par jeux d’influence ou diverses manipulations de l’information, et d’exacerber une concurrence néfaste pour les deux parties, Airbus et Boeing ont intérêt à jouer collectif entre eux, s’ils souhaitent fidéliser leur clientèle et garder leur avance technologique et financière ; c’est certainement leur meilleure option pour conserver – à long terme – leurs marchés.

Tristan

Sources:
http://www.ambafrance-cn.org/imprimer.html?id_article=7887〈=fr&cs=print
http://www.usinenouvelle.com/article/les-nouveaux-concurrents.N69984