__________________________________INNOVATION on ENGINEERING, MANUFACTURING, FINANCING shaping the AEROSPACE INDUSTRY

14 mai 2008

Quelle place pour la France?

A l’heure où le gouvernement souhaite faire des économies sur l’armée (à priori uniquement sur l’armée de terre), je souhaite porter haut et fort les situations ou évolutions dangereuses qui guettent notre outil militaire dans sa composante aérienne, et au-delà, l’outil industriel français.

Que l’armée soit la variable d’ajustement d’un budget déficitaires pour des raisons tenant plus à une mauvaise stratégie de soutien à l’innovation depuis plus de 30 ans par les gouvernements libéraux ou socialistes, voilà plusieurs années que nous y sommes habitués en France. Mais il y a parfois des limites, un cumul d’éléments qui ne plaide pas en faveur des choix opérés.

D’abord parce que la sécurité nationale ne concerne pas seulement les USA, ensuite parce que la défense draine avec elle tout un pan de notre industrie, et cela, nos politiques ont trop tendance à l’oublier.

Réduire les effectifs de nos forces son budget, ses moyens, dans une logique d’amélioration est une bonne chose. Mais réduire l’effort de défense ne touche pas seulement nos armées. Ça touche aussi de grands industriels français qui voient leurs investissements en R&D dépendre des commandes de l’Etat, et par la même, leur capacité à exporter des produits de qualité à des prix compétitifs. 9a touche aussi des milliers de PME-PMI d’excellence qui apparaissent, créant ainsi des milliers d’emplois. Le drame de la France est que nos politiciens ne semblent pas avoir réalisé depuis des décennies que l’économie nationale a un trait commun avec l’économie américaine : la forte prévalence et le rôle moteur direct et indirect de l’industrie d’armement, du complexe militaro-industriel que nous critiquons chez notre allié de l’OTAN. Que doit-on penser de voir nos finances serrées employées à équiper nos mirage 2000D et nos Super Etendards de bombes EGBU-12 de Raytheon alors que la société française SAFFRAN propose les bombes AASM ?

De même que devient la sécurité nationale ? La sécurité nationale se limite-t-elle à augmenter les moyens de police intérieure pour tenter d’empêcher les attentats sur le territoire national ? Cela ne consiste-t-il pas à pouvoir intervenir à l’autre bout de la planète pour prévenir de potentiels conflits, établir des missions humanitaires qui ne peuvent fonctionner sans moyens militaires, et lutter contre les Etats sources de prolifération de technologies sensibles ?

Alors que doit-on penser de l’incohérence et du retard des projets de drones de l’armée française (que devient le programme NEURON ? Est-il encore entre les mains de la France ou dépend-il aussi désormais d’autres capitales européennes associées au projet ?) ? Que doit-on penser quand on sait que nos marins qui doivent appareiller pour l’océan indien à bord du BPC Mistral ne disposent sur le navire que d’une vieille Alouette III et de deux gazelles ? Est-ce là des hélicoptères de marines à long rayons d’actions à même de pouvoir surveiller efficacement le trafic maritime sous marin et aérien ?

Que penser de l'occasion manquée d'acheter à prix attractif un troisième Hawkeye pour l'aéronavale alors que la Marine Nationale en exprime le besoin depuis plusiers années?

Tous les experts s’accordent à dire que le Rafale souffre de deux défauts majeurs : un radar à la portée plus courte que ses concurrents, et une vitesse de pointe (Mach 1,8) inférieure à celle de ses concurrents. A-t-on fait d’urgence les investissements nécessaires pour nous permettre (beaucoup) plus de chance de gagner des marchés ?

Que doit-on penser lorsqu’on sait que le budget spatial militaire de la France est passé, en millions d’euro 2002, de plus de 600 millions € en 1992 à 400 millions en 2007 ? L’industrie spatiale n’est-elle pas une industrie clef ? Ne génère-t-elle pas des milliers d’emplois en France ? Prévenir les crises ne passe-t-il pas par une veille spatiale pointue ?

A défaut de défense européenne, l’on s’est rabattu sur une défense collective que traduit une multitude de partenariats différents avec des partenaires différents, lesquels ont des intérêts et des visions qui diffèrent largement.

Pendant ce temps là, des pays comme la Chine et l’Inde développent leurs industries aérospatiales, la Russie redéploye ses bombardiers Tu-95 et Tu-160, et les américains investissent toujours plus dans leur défense nationale.

La place sur l’échiquier mondial dépend de la puissance que l’on veut bien se donner, et il existe de nombreux types de « leviers de puissance » pour y accéder. L’industrie aéronautique et aérospatiale en fait partie : elles sont sources de capacités, de richesses, et d’emplois, et le « tout commercial » comme base de l’aéronautique a ses limites. La preuve : Airbus souhaite moins dépendre dans ses résultats de l’aviation commerciale, à l’exemple de Boeing.