__________________________________INNOVATION on ENGINEERING, MANUFACTURING, FINANCING shaping the AEROSPACE INDUSTRY

02 février 2009

Retour sur la stratégie d'Emirates

Depuis quelques années, Emirates achète une énorme quantité d'avions de grande capacité et dispose d'une flotte impressionnante...

Civile :

29 Airbus A330-200 , 8 Airbus A340-300, 10 Airbus A340-500, 4 Airbus A380-800

3 Boeing 777-200, 6 Boeing 777-200ER, 6 Boeing 777-200LR, 12 Boeing 777-300, 36 Boeing 777-300ER

Cargo :

1 Boeing 747-200F, 5 Boeing 747-400F , 4 Airbus A310-300F, 8 Boeing 777 Cargo

10 Boeing 747-8 Cargo (livraisons prévues pour 2010)

Mais surtout, Emirates a réalisé l'acquisition de 58 A 380-800 (devenant ainsi le plus gros acheteur de cet appareil) ainsi que de 70 A 350 (50 A 350-900 et 20 A 350-1000). A cela, d'autres avions sont également en commande au sein d'Emirates, à savoir:

48 Boeing 777-300ER commandés dont 19 inclus en leasing avec GECAS et dont la livraison est en cours.

8 Boeing 777F10 Boeing 748F (livraison prévue pour 2010)

Mais quelle est la stratégie d'Emirates pour réaliser autant d'acquisitions ?

Adrien nous expliquait dans un post en date du 19 novembre 2007 qu'Emirates monte en puissance. Depuis 2002, la compagnie a doublé son parc d’aéronefs ; elle a presque triplé son chiffre d’affaires pour s’installer à la neuvième place mondiale dans la hiérarchie des compagnies. Pour 2012, Emirates vise 40 millions de passagers transportés par an !

Emirates tire profit de la déréglementation du secteur aérien. Ce mouvement touche le secteur tout entier. Historiquement encadré par de lourdes contraintes, le transport aérien s’est développé vers de nouveaux horizons grâce à une législation allégée : de nouvelles lignes ouvertes, c’est une intensité concurrentielle accrue !

Par le biais d’une stratégie offensive, le groupe se positionne clairement comme un challenger face aux ténors occidentaux. En utilisant le développement de Dubaï et de son hub, Emirates compte réorienter les flux mondiaux de passagers à son profit. Comment ? En jouant de sa position de pivot entre l’Afrique et l’Asie ; entre l’Asie et l’Europe.

Les conséquences d’une telle réorganisation sur le secteur aéronautique seront directes en Europe. Moins de transit sur les hubs européens, ce serait moins d’activité sur toute la chaîne de l’aérien (des sous traitants aéroportuaires jusqu’aux compagnies).

Les questionnements sur le financement du développement d’Emirates prennent de l’ampleur. D’aucuns accusent Emirates de bénéficier de subventions venant du riche Etat pétrolier et d'évoluer dans une opacité financière !

En outre, Emirates a noué un grand nombre de partenariats sportifs en Europe, comme je vous en avais déjà parlé le 17 janvier 2008. Petit rappel:

Emirates est en effet partenaire officiel du Team BMW Oracle sur la Coupe de l'America (voile), de l’écurie Mac Laren Mercedes en Formule 1 et, plus récemment, elle a été sponsor officiel de la dernière Coupe du Monde de Rugby qui s’est déroulée en France aux mois de septembre et octobre 2007. Mais c’est surtout dans le football qu’Emirates investit le plus d’argent. La compagnie de Dubaï est tout d’abord sponsor officiel (pour la période 2007-2014) de la FIFA, organisatrice de la Coupe du Monde de football (deuxième événement sportif mondial après les Jeux Olympiques). A ce titre, elle fait partie du cercle très restreint des six partenaires de la FIFA (les cinq autres étant Adidas, Coca-Cola, Hyundai, Sony et Visa). En outre, Emirates est partenaire du Paris-Saint-Germain, du Hambourg SV, du champion d’Europe 2007 le Milan AC (depuis septembre 2007) mais aussi et surtout du club londonien d’Arsenal. Outre le flocage traditionnel sur le maillot des Gunners, Emirates a financé et donné son nom au stade du club (Emirates Stadium). Cette pratique appelée le naming, consistant pour une marque à donner son nom à une enceinte sportive, tend à devenir courante en Angleterre et en Allemagne (Emirates Stadium à Londres, Reebok Stadium à Bolton, Allianz Arena à Münich, AOL Arena à Hambourg) et des projets similaires existent en France, au Mans et à Lyon. Par ailleurs, la compagnie émiratie a donné son nom à une compétition de football éponyme (Emirates Cup) qui s’est déroulée pour la première fois à l’été 2007.

Cependant, la réelle vocation de ce sponsoring sportif réside dans la volonté de promouvoir Dubaï et de se développer à l’échelle internationale. Plus Emirates grandit et devient un poids lourd dans le monde des compagnies aériennes plus son portefeuille d’événements s’accroît, lui permettant ainsi de diversifier ses investissements sportifs.

Au surplus, le choix des clubs sponsorisés par Emirates est éminemment stratégique puisque Londres, Milan, Paris et Hambourg constituent des hubs incontournables sur le marché européen du transport aérien. Le hub est un aéroport où une compagnie centralise ses correspondances entre les différentes destinations qu’elle dessert. Il s’agit d’un concept développé dans les années 1980 et destiné à optimiser le remplissage des vols.

Le partenariat conclu avec la FIFA (195 millions d’Euros), faisant d’Emirates le sponsor officiel de la Coupe du Monde de Football, est lui aussi stratégique. En effet, autant les clubs jouent toujours au même endroit, autant la Coupe du Monde est organisée tous les quatre ans en rotation sur les différents continents. Ainsi, si la dernière Coupe du Monde (2006) s’est tenue en Europe (en Allemagne), la prochaine édition (2010) se déroulera pour la première fois de l’histoire sur le continent africain (en Afrique du Sud) : Emirates ne pouvait pas mieux rêver pour s’implanter durablement en Afrique. Il en est de même pour l’édition 2014 qui se déroulera au Brésil. Emirates aura ainsi l’occasion d’accroître ses parts de marché en Afrique et en Amérique du Sud grâce à ses partenariats sportifs.

Il n’y a pas de quoi être surpris par le dynamisme singulier d’Emirates. Le directeur d’Emirates France, Jean-Luc Grillet a déclaré il y a déjà quatre ans qu’ « Emirates n’est pas une compagnie aérienne, c’est le vecteur du développement de Dubaï ». Selon l’I.A.T.A. (International Air Transport Association soit l’Association internationale du transport aérien), Emirates était en 2006 la neuvième compagnie mondiale en terme de passagers transportés à l’international avec 16,75 millions de passagers. Ajoutons à cela une flotte de 111 avions et 246 appareils en commande, notamment les 58 Airbus A 380 et 70 Airbus A 350 (assortis d'une option sur cinquante autres) évoqués ci-dessus et commandés lors du salon de Dubaï de novembre 2007. La flotte d’Emirates a ainsi dépassé celle de la Lufthansa en 2008. Et Emirates affiche un bénéfice net de 561 millions d’euros, faisant ainsi partie des cinq compagnies les plus rentables du monde. Son introduction en bourse ne devrait plus tarder puisque le PDG de la compagnie, Cheick Ahmed Bin Saïd Al Maktoum, également patron de l’aéroport et de l’aviation civile émiratie, a récemment fait valoir qu’elle « faisait partie intégrante de la stratégie du groupe ».

Sources:

http://www.emirates.com/be/french/about/sponsorships/football/ac_milan.aspx

http://www.emirates.com/be/french/about/sponsorships/sponsorships.aspx

http://www.emirates.com/fr/french/flying/our_fleet/our_fleet.aspx

http://www.emirates.com/fr/french/

http://www.acmilan.com/

http://www.hsv.de/