L’innovation est un processus complexe et incertain qui met en jeu de nombreux acteurs et diverses compétences
L’innovation [1] semble présenter une dualité technologie-marché. A ce propos, Schumpeter, parle d’une « mise en marché réussie d’un produit/procédé/service nouveau ». Elle traduirait l’entropie créatrice de sa structure hôte. En effet, l’entreprise est le lieu de l’innovation. Selon Alter (vision cognitive), l’innovation résulte d’échanges relationnels dynamiques plus ou moins conflictuels.
En effet, pour innover, une entreprise doit créer des relations avec des partenaires. De plus, l’innovation semble posséder une structure intrinsèque complexe, au sens de Le Moigne. Autrement dit, cette organisation implique la caractérisation d’un système relationnel complexe.
Il semble que l’innovation soit dépendante de l’environnement. C'est-à-dire qu’elle influe et est influencée par un marché ainsi que par l’environnement (qui est caractérisé par la présence d’acteurs non économiques) dans lequel elle évolue. Le groupe de recherche PRIMECA (vision systémique) définit d’ailleurs une activité innovante comme une activité issue d’un objet nouveau durablement intégrée à son environnement.
L’innovation implique un positionnement stratégique de l’entreprise tourné vers l’innovation, un ou plusieurs projets d’innovation qui sont plus ou moins définis, la mise en relation d’acteurs aux intérêts différents (parfois contraires). Elle nécessite un marché (plus ou moins grand, accessible, connu) qui est généralement régi par des normes et des règlementations qu’il faudra respecter. Innover nécessite diverses compétences telles que la créativité, l’autonomie, l’esprit expérimental, la capacité à repérer les opportunités, des compétences intégratrices, la capacité à traiter des données relevant de disciplines variées, l’aptitude à adopter différents points de vue, l’esprit critique et le goût de la concrétisation.
L’intelligence économique et la veille
Selon Alain Juillet [2], l’intelligence économique est un mode de gouvernance dont l’objet est la maîtrise de l’information stratégique et qui a pour finalité la compétitivité et la sécurité de l’économie et des entreprises. Le rapport Martre en 1994 définit l’intelligence économique comme l’ensemble des actions de collecte, d’analyse et de diffusion de l’information utile aux différents acteurs économiques. Ces diverses actions sont menées légalement, dans les meilleures conditions de délais et de coûts. L’intelligence économique permet aux entreprises d’effectuer des actions d’influences, telles que le lobbying. Elle sert également à protéger l’entreprise contre tous les risques et les menaces liés à la sécurité, à la sûreté, à l’environnement et au management. Selon Bernard Besson et Jean-Claude Possin [3], l’intelligence économique est la maîtrise concertée de l'information et de la coproduction de connaissances nouvelles. Elle est l'art de détecter les menaces et les opportunités en coordonnant le recueil, le tri, la mémorisation, la validation, l'analyse et la diffusion de l'information utile ou stratégique à ceux qui en ont besoin. Pour l'essentiel, l'intelligence économique est un cycle d'informations dont la finalité est la production de renseignements stratégiques et tactiques à "haute valeur ajoutée".
Selon Daniel Rouach [2], la veille est l’art de repérer, collecter, traiter, stocker des informations et des signaux pertinents qui vont irriguer l’entreprise à tous les niveaux de rentabilité, permettre d’orienter le futur (technologique, commercial…) et également de protéger le présent et l’avenir face aux attaques de la concurrence. La veille se pratique dans la légalité et le respect des règles de déontologie. Il existe différentes spécialités de la veille qui sont: la veille marketing et commerciale, la veille concurrentielle, la veille juridique, la veille sectorielle, la veille sociopolitique ou sociétale ou environnementale, la veille stratégique et la veille scientifique et technologique.
L'Intelligence économique, soutien de l’innovation
D’après ce qui a été rappelé précédemment, une innovation se définit en partie par son succès commercial. Or, le succès commercial d’une innovation est, par définition difficile à prédire. Cette dernière étant une nouveauté destinée à un marché potentiel non réellement définit, réaliser des études classiques ne me semble pas être la solution la plus pertinente. Et cela plus particulièrement dans le cas d’innovations radicales.
Avant la mise en route du projet d’innovation : l’intelligence économique peut participer au succès d’une innovation. En effet, les actions de veille mises en place permettent de s’assurer de l’existence d’un marché pour la future innovation. Inversement, une veille régulière d’un marché ou de l’environnement d’une entreprise peut mettre en évidence l’existence d’un besoin nouveau. Ce nouveau besoin pourrait conduire à une idée qui deviendra une innovation.
Lors de la conduite du projet lui-même : les outils et actions de l’intelligence économique seront chargés de l’étude de l’environnement de la future innovation ainsi que de la surveillance des signaux faibles, mise en conformité de la future innovation en fonction de l’évolution du marché. Préparer le marché en diffusant des informations choisies sur le projet en cours et surtout sur les améliorations que l’innovation apportera aux clients. S’assurer de la cohérence de l’innovation avec la réglementation en vigueur. Et mettre en place des actions d’influence dans le cas contraire.
Lors de la mise sur le marché de l’innovation : la cellule d’intelligence économique sera chargée d’assurer la diffusion d’une communication positive sur l’entreprise et sur l’innovation. Elle orchestrera aussi la présence d’informations sur les medias de référence du secteur.
Ces quelques exemples d’actions plus offensives que celles décrites par Alain Juillet, Bernard Besson et Jean-Claude Possin sont plus adaptées à l’innovation. Elles montrent le rôle que peut jouer l’intelligence économique dans le succès des innovations.
SOURCES
1. Vincent Boly (1993), Ingénierie de l’innovation, Organisation et méthodologies des entreprises innovantes, Hermes Science Publications Lavoisier
2. Conférence Intelligence des risques du 4 avril 2008 organisée par le Forum atena à l’ISEP
3. Bernard Besson et Jean Claude Possin (2006), Intelligence des risques, IFIE