L’avion russe à haute altitude Myasishchev M-55 fut développé en 1978 pour répondre au fameux U-2 de l’USAF pendant la guerre froide, que cette dernière utilisa intensivement, et qu’elle continue d’ailleurs d’utiliser actuellement.
Il convient de rappeler que les avions de reconnaissance ou d’espionnage selon leurs capacités jouent un rôle très important : les satellites optiques sont limités par la couverture nuageuse, et les satellites radars comme cosmo-skymed ou Sar-lupe ne sont pas répandus. La France elle-même alignait un escadron de Mirages IV supersoniques pour la reconnaissance aérienne il y a encore pas très longtemps.
L’avionneur russe négocierait en ce moment même avec un industriel occidental pour l’utilisation du M-55 à des fins civiles : en tant que relais de télécommunications. L’idée n’est pas saugrenue puisque cette solution est relativement peu onéreuse et souple d’emploi. Le M-55 présente des caractéristiques avantageuses : il est équipé de réacteurs de 4,5 tonnes de poussée chacun, il a une vitesse de croisière de 740 km/h, un rayon d’action maxi de 5 000 km et croise à une altitude de 17 000 mètres jusqu’à 21,500 m. Plus cette altitude est élevée, plus la zone couverte par le relais de télécommunication est étendue. De plus il peut emporter une charge utile de 2 tonnes.
Certes il s’agit là d’un projet civil, mais l’intérêt reste tout de même que cela permettrait au constructeur russe de remettre la chaine de production en route. Par ailleurs, l’armée russe profite d’un retour des investissements. Un tel avion peut être très utile. Il est donc logique de se demander si l’aviation russe ne va pas en profiter, dans un deuxième temps. Surtout si l’appareil profite d’une mise à niveau technique financée par l’industriel occidental…n’y a-t-il décidément pas assez de concurrence dans l’industrie aéronautique ?