Les cables diplomatiques rendus publics par Wikileaks comportent, on s’en doutait, tout un volet sur le business de Jetliners Boeing et Airbus. Les enjeux de la vente de ces appareils sont devenus en effet fondamentaux pour les gouvernements et la balance commerciale de leur économie. Les deals atteignent vite plusieurs milliards de dollars (11,5 milliards $ pour la signature de 32 A380 en juin 2010 avec Emirates). Comptez en effet 56.9M $ pour un Boeing 737-600 jusqu’à 317.5M $ pour un Boieng 747-8 Jumbo ! Pour le nouveau Dreamliner le prix affiché s’élève à 185.2M $, selon la Price List de Boeing.
Dès lors, on comprend mieux que les services diplomatiques américains et européens soient sollicités au plus haut niveau par Boeing et Airbus pour appuyer leur démarche de ventes partout dans le monde.
Le processus de vente des Jetliners vient de faire l’objet d’une longue analyse du New York Times intitulée « Diplomats Help Push Sales of Jetliners on the Global Market » reprenant les cables de Wikileaks. Les auteurs Eric Lipton, Nicola Clark et Andrew Lehren rappellent qu’un accord commercial en vigueur depuis trente ans entre les Etats Unis et l’Europe prévoit de limiter toutes inférences politiques dans la vente d’avions.
La réalité est cependant bien différente : les deux constructeurs sont engagés dans une intense compétition pour placer leurs avions et profiter de la croissance exponentielle du transport aérien aux quatre coins du monde. Chaque constructeur mobilise en conséquent ses appuis pour sécuriser une vente et il est en théorie difficile de conclure l'ensemble d'un deal sans faire intervenir à un moment des autorités politiques. Un jeu de tractations diplomatiques s'ouvrent alors entre les autorités européennes/ américaines et les autorités locales ( compensations industrielles, visites d'Etat, garantie de crédit export , etc...)
En conclusion, “That is the reality of the 21st century; governments are playing a greater role in supporting their companies, and we need to do the same thing,” Mr. Hormats, ancien top manager chez Goldma Sachs cité par le NYT.