__________________________________INNOVATION on ENGINEERING, MANUFACTURING, FINANCING shaping the AEROSPACE INDUSTRY

23 décembre 2008

Approvisionnement stratégique : l'enjeu du cobalt

Flyintelligence s'arrête aujourd'hui sur les opportunités offertes par le cobalt.

Présentation du cobalt

Le cobalt est un élément que l'on trouve dans toutes sortes de composés chimiques présents dans l'environnement. Il s'agit d'un métal d'un blanc irisé, rougeâtre, peu brillant et très difficile à fondre. C'est une substance terreuse naturellement présente en quantités infimes dans le sol, les plantes et les aliments. A l'état pur, le cobalt est un métal dur et brillant, de couleur gris acier ou noire. Il existe aussi comme cobalt II et cobalt III, qui forment un certain nombre de sels organiques et inorganiques. En outre, le cobalt est l'un des 27 éléments essentiels du monde. Il a beaucoup d'applications stratégiques et irremplaçables, constitue un composant central de la vitamine B 12 et aide l'organisme à assimiler cette vitamine qui participe au bon fonctionnement du système nerveux.

Le cobalt a un point de fusion élevée (1493° C) et maintient sa force à une température élevée. Il sert à réaliser des outils de coupe, des superalliages, des enduits de surface, des aciers à vitesse élevée, des carbures cémentés, des outillages de diamant.

Le cobalt est ferromagnétique (le nickel et le fer le sont aussi) et maintient cette propriété à 1100°C, une température plus élevée (Point de Curie: température à laquelle le matériau perd son aimantation spontanée) que n'importe quel autre matériau, et entre dans la composition d'aimants d'Alnico, de matériaux magnétiques mous et d'aimants samarium-cobalt.

Le cobalt produit des couleurs bleues intenses - bleu de cobalt dans les peintures, les glaçures, les émaux, etc. Bien qu'en terme de propriétés, les alliages à base nickel se soient pris la part du lion du marché des superalliages, les alliages à base cobalt continuent à être employés parce que:

- ils ont une température de fusion plus élevée que les alliages à base nickel ou à base fer, leur donnant ainsi leur capacité à absorber des contraintes à très hautes températures;

- ils offrent une meilleure résistance à la corrosion, en raison de leur forte teneur en chrome;

- ils affichent une meilleure résistance à la fatigue thermique ainsi qu'une meilleure soudabilité que les alliages à base nickel.

Applications du cobalt

Dans le domaine médical, La vitamine B 12 est employée dans le traitement contre l'anémie, maladie constituée par un déficit en vitamine B 12. Cette vitamine a pour effet de favoriser la production de globules rouges. Le cobalt sert également à la réalisation d'alliages pour les couronnes dentaires. Le cobalt 60 sert aussi dans la radiothérapie pour le traitement de certains cancers.

Dans le domaine automobile, le cobalt entre dans la composition de certaines batteries de voitures hybrides qui contiennent entre 2,5 et 5 kg de cobalt. Et le marché des voitures hybrides est en développement chronique. Au surplus, le cobalt maintient mieux la charge électrique que n'importe quel autre métal.

Toutefois, le cobalt trouve également des applications dans le secteur aéronautique. Sa grande résistance aux très hautes températures contribue à son emploi dans la production de superalliages (nécessaires aux fabricants de turboréacteurs), dont il améliore la résistance mécanique, la tenue à l'usure et à la corrosion. Selon un article du Financial Times du 14 juillet dernier, le développement de turboréacteurs économes requiert des alliages exotiques et des revêtements céramique pouvant supporter la température interne des réacteurs qui dépasse le point de fusion des composants métalliques non traités: “Developing fuel-efficient engines requires the use of exotic alloys and ceramic coatings that can cope with internal engine temperatures that would be above the melting points of untreated metal components". Un superalliage constitue "un alliage développe destiné à servir à des températures élevées, habituellement basé sur des éléments du groupe VIIA devant supporter une contrainte mécanique relativement sévère et exigeant une stabilité de surface élevée" (Source: Cobalt Development Institute). Les éléments du groupe VIIA, égalements appelés halogènes, sont des éléments de la série chimique numéro 17 (astate, brome, chlore, fluor, iode) de la classification périodique des éléments élaborés par Dmitri Mendeleïev en 1869. Si la production des turboréacteurs constitue la locomotive du marché des alliages, l'utilisation des alliages trouve cependant des applications dans beaucoup d'autres domaines: tous les types de turbines, les véhicules spatiaux, les moteurs de fusées, les réacteurs nucléaires, les usines électriques, des équipements chimiques.

Au surplus, le cobalt fait l'objet d'une demande croissante en raison de l'augmentation des dépenses militaires mondiales. Si les Etats-Unis ont augmenté ce type de dépenses en raison de leur présence sur un grand nombre de théâtres extérieurs, ils ont été imités par d'autres grandes puissances, telles l'Inde, le Brésil, La Chine ainsi que quelques pays du Moyen-Orient. Le cobalt entre en effet dans la composition de certains équipements militaires.

Où trouve-t-on du cobalt?

N'étant pas particulièrement rare, le cobalt se classe au 33e rang des métaux les plus abondants sur Terre. Son extraction est cependant limitée à certains pays en raison de sa diffusion inégale dans la croûte terrestre. Près de la moitié de la production mondiale (44 %) s'effectue à partir d'oxydes et de sulfures de minerais de nickel, de cuivre ou fer (Source: EDF).

Les enjeux du cobalt

Les impératifs de développement durable engendrent de nouveaux défis pour l'industrie aéronautique et spatiale mais dessinent également une géoéconomie nouvelle, articulée autour des besoins des filières stratégiques des grandes puissances. Si ces besoins ne sont pas nouveaux, ils tendent à devenir durablement croissants voire – osons le terme – infinis alors même que les ressources naturelles sont finies. A terme, cette dépendance nécessitera de s'en affranchir autant que faire se peut en constituant des réserves de cobalt. Les Etats-Unis et l'U.R.S.S. avaient constitué des réserves de cobalt durant la guerre froide, dont le stock est aujourd'hui épuisé. Le cours du cobalt a lourdement chuté suite à la grave crise financière de 2008, passant de 50 dollars à près de 12 dollars. Le moment est donc idéal pour constituer à moindres frais des réserves de cobalt pour nos industries stratégiques avant que d'autres pays n'aient la présence d'esprit de le faire et que le cours ne remonte. Ou comment tirer parti intelligement et efficacement de la crise financière.

Sources:

http://online.wsj.com/article/SB121599453104049589.html

http://artdiamondblog.com/archives/leapfrog_competition/

http://www.sfc.fr/Donnees/metaux/co/texco.htm

http://www.thecdi.com/about-cobalt

http://www.thecdi.com/general.php?r=U6ENJVRWAA

http://www.ene.gov.on.ca/cons/3793f.htm

11 décembre 2008

SESAR, pour Single European Sky Air traffic Management Research


Fin novembre, nous vous parlions du projet SESAR (Single European Sky Air traffic Management Research ou volet technologique du ciel unique européen). Ce projet a pour objectif de généraliser l’emploi de « moyens modernes de navigation satellitaires » afin de « mettre en œuvre des procédures plus précises » qui seront moins bruyantes et plus économiques en carburant.
SESAR se veut la réunion d'organismes publics (UE, Eurocontrol) et d'acteurs privés du secteur en vue de moderniser le ciel européen. Cette semaine, plusieurs opérateurs ont manifesté leur souhait de s'associer au projet dont l'investissement s'élève à 2,1 milliards d'euros.

10 décembre 2008

Aerospace Valley : Aéronautique et innovation en Midi Pyrénées

L’un des acteurs clés de l’innovation en région Midi Pyrénées est le pôle de compétitivité Aerospace Valley. Les objectifs du pôle de compétitivité :1 / Conforter la première place mondiale du pôle en aéronautique civile. 2/ Conforter la première place européenne dans le domaine de l’espace. 3 / Renforcer une position d’excellence dans le domaine des systèmes embarqués. 4/ Devenir un pôle de recherche et de formation de référence mondiale. 5/ Renforcer les atouts et les synergies des grands groupes et PME dans la compétition mondiale

Le soutien de la Région Aquitaine : Le Conseil régional vient de décider l'octroi d'une subvention de près de 12000 euros pour la développement d'une plateforme d'achat logistique. Cette plateforme est destinée à regrouper les achats éffectuées par les PME et les donneurs d'ordre dans le cadre des projets du Pole Aerospace Valley. De plus, la Région a également décider de soutenir l'Association Aerotec, structure régionale qui regroupe les acteurs économiques, scientifiques et de formation de l'Aquitaine. (Cela nous rappelle Aeroteam...)

Les projets d'Aerospace :

Aerospace Valley propose des projets de coopération et des projets structurants.

Les premiers ont pour objectif de préparer l’avenir en labellisant des projets de coopération dans 9 domaines stratégiques . Les seconds ont une fonction de soutien et de développement des ressources communes pour les acteurs du pôle (). Ces derniers nécessitent la mise en œuvre d’activités transverses que l’on peut représenter comme suit :

Les derniers évènements :

Très impliqué en région Midi Pyrénées, ce pôle de compétitivité a été l’instigateur du Premier Forum entièrement dédié à l'innovation aéronautique: AEROMART TOULOUSE 2008 organisé par Midi Pyrénées expansion et la Chambre de Commerce et d’Industrie de Toulouse du 2 au 4 décembre 2008. Ce forum s'articulait autour de la question "Quels enjeux stratégiques actuels et futurs de l'innovation aéronautique ? ".

Sources:

http://www.aerospace-valley.com/

http://www.aeromart.tm.fr/toulouse/index2.php

09 décembre 2008

Approvisionnement stratégique : les Russes et le titane, un an après (+MAJ1)

L’équipe de Flyintelligence s’intéressait en décembre 2007 à la création d’une "Vallée du Titane " en Russie s’appuyant sur l’entreprise VSMPO-Avisma, acteur central dans la production de titane (les news de la société ici). Ci-dessous vous retrouverez l’article concernant la vallée du titane. Mais auparavant voilà quelques actualités qui ont nourri l’année 2008 :

Alors que Boeing et VSMPO-Avisma signaient en 2007 un partenariat stratégique sur la livraison de titane, les entreprises françaises se sont durablement positionnées sur leur approvisionnement en minerais : en février 2008, Safran et VSMPO-Avisma ont conclu un accord concernant la livraison de matériels à base de titane. Airbus et EADS signaient le 14 juillet 2008 un accord concernant la livraison de titane jusqu’en 2020. Par ailleurs le gouvernement russe a également contracté avec Saraf Group pour créer la joint venture Titanium Products Private Limited (TTPL). TTPL a d’ores et déjà signé un Normal 0 21 false false false FR X-NONE X-NONE MicrosoftInternetExplorer4 memorandum of understanding avec l’Etat de l’Orissa pour développer le complexe métallurgique de Chhatrapur, Ganjam.

Petits rappels de Pierre :

« Le gouvernement russe annonçait en novembre 2007 la création, dans l’Oural, d’une future « vallée de titane » pour l’aéronautique, qui aura pour vocation de « fabriquer des pièces coûteuses pour l’industrie aéronautique mondiale ».

Cette déclaration doit nous interpeller par sa portée stratégique puisqu’elle émane du Sergueï Ivanov. Cette vallée sera portée sur les fonds baptismaux par le groupement russe de production VSMPO-Avisma, dont le principal actionnaire n’est autre que la centrale publique russe d’exportation d’armements Rosoboronexport, qui détient les deux tiers du capital. A ce jour, VSMPO-Avisma assume près du tiers de la production d’éponges de titane dans le monde et près de 80 % des produits russes à base de titane sont exportés.

Du reste, l’Etat russe et Boeing ont conclu un partenariat dans le domaine du titane, en créant une société commune de composants aéronautiques. Cette société est destinée à fournir des composants en titane pour la firme américaine, notamment pour le dernier né de chez Boeing, le 787 Dreamliner.

Le secteur aéronautique permet à la Russie de tirer partie de ses ressources naturelles et ainsi de développer une politique d’intelligence territoriale volontariste et ambitieuse au service de sa Puissance. Sergueï Ivanov a en effet fait valoir que « dans le passé, dans le meilleur des cas, nous y fabriquions des pièces semi-finies et uniquement pour l'URSS, maintenant, nous allons fabriquer des pièces pour le monde entier ». La Russie a donc bien la volonté de tourner une page de son histoire industrielle. On observera que le secteur aéronautique n’est pas mentionné par le décideur slave. Et pour cause ! Le titane offre en effet une kyrielle d’applications, certes dans le secteur aéronautique mais aussi et surtout dans des secteurs stratégiques.

Dans le secteur aéronautique, le titane sert déjà à concevoir des pièces forgées, comme le train d'atterrissage du Boeing de la famille du 777, ou des élements de moteur. De plus, le titane est une matière qui se marie très bien avec les matériaux composites.

Dans le secteur aérospatial, le titane trouve des applications grâce à sa résistance à la corrosion et ses propriétés cryogéniques (la cryogénie étant – entre autres – la production de très basse températures, inférieures à 120 Kelvin (-153,15° Celsius)). Il sert à la conception de certaines pièces du moteur du lanceur Ariane 5, de réservoir de gaz de propulsion pour les satellites et figure sur les stations spatiales.

Dans les secteurs de l’armement et de l’énergie, les propriétés offertes par le titane, en termes de résistance à la corrosion et au feu, contribue à son emploi dans les blindages et dans les coques de sous-marins.

Par ailleurs, le terme de « vallée du titane » n’est pas sans rappeler celui de « Silicon Valley », région américaine célèbre pour ses industries de pointe et les hautes technologies. En outre, la Russie envisage en parallèle de fermer aux investissements étrangers le marché de la transformation, de la fabrication et de la vente de matériaux servant à la conception d’armements et de matériels militaires. Il est permis de considérer que la création de cette « vallée du titane » ne sera pas exclusivement dédiée à l’industrie aéronautique mais qu’elle fournira d’autres secteurs stratégiques russes. L’Etat russe a donc conscience de ses secteurs stratégiques et applique une politique volontariste pour les protéger et les accroître en développant un projet…titanesque, s’ouvrant ainsi un horizon…loin d’être artificiel ! »


Russie: approvisionnement en titane pour Airbus et Boeing