En novembre dernier, nous faisions état des risques pris par Airbus de transférer une partie des technologies de l’A 350. Les craintes qui étaient hier les nôtres, et qui le demeurent, sont confirmées par la couverture du quotidien La Tribune du Vendredi 04 janvier 2008 rapportant le « plan de la Chine pour rattraper Airbus et Boeing ».
Il ressort de cette information que la Chine va fusionner les activités civiles de ses deux avionneurs, Avic 1 et Avic 2 , débouchant ainsi sur la constitution d’un groupe aéronautique d’envergure analogue à Airbus ou Boeing. Ce nouvel avionneur construira un appareil long-courrier de plus de 150 places dont le lancement est envisagé pour 2020. Or, la Chine vient d’achever il y a deux semaines la réalisation de l’ARJ-21. En effet, un peu plus du tiers des pièces de ce nouvel avion est issu de composants non chinois.
Quels sont les enseignements de cette information ?
Tout d’abord, la Chine développe une stratégie de puissance : elle souhaite obtenir le maximum de technologies de la part des sociétés occidentales pour créer des champions nationaux capables de s’imposer à l’international dans des secteurs stratégiques. Il n’est pas rare de voir les Etats occidentaux accuser depuis plusieurs années la Chine d’espionnage économique et informatique.
S’agissant du secteur aéronautique, la Chine poursuit des programmes ambitieux, aussi bien sur le marché du vol long-courrier que du vol moyen-courrier ; aussi bien pour les avions gros-porteurs que moyens-porteurs !
Par ailleurs, est-il besoin de rappeler que la Chine n’est pas le seul pays émergent à faire de l’aéronautique une priorité stratégique ?
- Le Brésil, avec Embraer spécialisé dans les courts et moyen-courriers.
- La Russie, qui a récemment présenté son nouveau Sukhoï Superjet 100.
Quoiqu’il en soit, les choix des autres nous renvoient à nos propres choix, si tant est que nous en ayons fait. Il serait souhaitable que l’Europe en général et la France en particulier se dotent d’une stratégie d’intelligence économique plus en adéquation avec la politique de promotion et d’accompagnement à l’industrie affichée par les décideurs politiques. Car force est de constater que le soutien apporté à nos entreprises, particulièrement dans le secteur aéronautique, est encore au milieu du gué et implique de remettre l’ouvrage sur le métier afin de lui donner une réalité d’ensemble.
Sources :
La Tribune
http://www.lemoci.com/articles/20080104100913.Etats-Unis-et-Allemagne-grandes-victimes-de-l-espionnage-industriel-en-2007.html
http://www.chine-informations.com/actualite/les-pratiques-chinoises-inquietent-le-contreespionnage-britannique_3920.html http://www.journaldunet.com/solutions/securite/actualite/07/0829-piratage-economique-allemagne-chine.shtmljournaldunet.com/solutions/securite/actualite/07/0829-piratage-economique-allemagne-chine.shtml