__________________________________INNOVATION on ENGINEERING, MANUFACTURING, FINANCING shaping the AEROSPACE INDUSTRY

18 octobre 2013

Alexandre de Juniac sur les enjeux du groupe Air France KLM



Organisé par l'association des auditeurs de l’IHEDN (AA-IHEDN) avec le soutien du Cercle de la Mer, le débat du 15 octobre autour d'Alexandre de Juniac, PDG d'Air France KLM (présentation ici) a porté sur ses actions à la tête du transporteur aérien le management de cette grande entreprise.







 Dans un premier temps, AdJ a présenté les caractéristiques de l'activité du groupe :
- une activité fortement capitalistique (la flotte d'avions représente plusieurs milliards d’euros d'actifs)
- une activité dont la structure des coûts s’est transformée en 15 ans. Entre 1997 et aujourd’hui, la part du fuel dans les coûts d’exploitation est passé de 8% à 34%.



- une activité qui requiert beaucoup de main d'œuvre ; Air France KLM étant avant tout une entreprise de   services. 95% de français chez AirFrance et 95% d'hollandais chez KLM. Air France occupe la place de premier employeur privé de la région Ile de France. Seul Emirates, avec ses 135 nationalités parmi ses effectifs, a vraiment une culture internationale.
- une activité relativement instable du point de vue du nombre de transporteurs aériens et du turnover.
Beaucoup de transporteurs que l'on connaissait à la fin des années 80 ont disparu (PanAm, TWA…). Beaucoup se sont lancées dans les années 2000, parfois avec une croissance exponentielle et une chute brutale (il ne reste rien de la compagnie Kingfisher). Le secteur est très difficile pour les legacy airlines (AdJ a cité la disparition de Malev, Spanair, et les difficultés d'Alitalia qui a pourtant considérablement réduit ses coûts).

Ensuite, AdJ a rappelé les difficultés qu'Air France KLM traverse depuis 2008. Le groupe devrait être dans le vert l'an prochain après six années consécutives de pertes. En 2008 la compétitivité du groupe était catastrophique vis à vis des compagnies low cost - les LCC -  (différentiel de 40% dans les coûts d’exploitation) et vis à vis des compétiteurs directs type Lufthansa (différentiel de 15%).

Les trois actions d'AdJ à son arrivée. Une méthode pleine de pragmatisme : a/ dire la vérité sur la situation du groupe et que toutes les centrales syndicales partagent au moins le diagnostic sur la situation financière. b/ amorcer la renégociation de toutes les conventions collectives des personnels. c/ tenir le calendrier annoncé pour la présentation de la stratégie et tenir l'objectif de réduction des coûts (stratégie financière du groupe).  

Le groupe Air France KLM fait face au défi concurrentiel : le transport est attaqué par le bas par les LCC (principalement EasyJet et Ryanair) sur le court et moyen courrier en Europe et par les compagnies asiatiques et du golfe (qui sont soutenues par une vraie stratégie d’État) sur le marché du long courrier.
 L'autre défi est d'ordre organisationnel avec la prise en compte des nouveaux comportements des passagers et leurs conséquences sur l’organisation du marketing, des escales, etc...

Pour conclure, Alexandre de Juniac a confirmé le maintien de la stratégie de hub du groupe Air France KLM car 80% des lignes transcontinentales en dépendent. Le moyen courrier reposera sur un modèle low-cost dressant le constat que les passagers ne veulent plus payer pour un voyage en Europe. Sur le long courrier, la qualité de service a été rehaussée. Les modèles de référence cités : Singapore Airlines et JAP.
Concernant la France, Alexandre de Juniac a rappelé l’ultime nécessité de disposer d’une compagnie nationale forte pouvant desservir le monde entier. Et il a également mis en garde contre tout projet visant à offrir des droits de trafic supplémentaires pour les compagnies du Golfe .
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Eléments de biographie (site AFKLM) : 

17 octobre 2013

Eléments de présentation du marché des drones civils

« Un secteur est en train de naître. Et on le sent. Le drone civil virevolte dans les médias » (Les Echos)

Il existe une grande agitation autour des aéronefs télépilotés (ndlr : le langage de la DGAC pour qualifier les drones civils). Mais il ne faut les confondre avec beaucoup d’appareils que les militaires utilisent. Leurs performances, la charge utile et la complexité du système sont bien souvent très différentes. L’activité professionnelle du drone civil se développe rapidement grâce à deux arrêtés pris par le gouvernement en 2012 (cf ci-dessous).  Énormément de sociétés se positionnent sur de la conception de drones et / ou sur de la prestation de services pour des industriels (inspection d’un réseau de distribution d’électricité ou d’infrastructures, relevé du niveau d’azote au dessus de terres agricoles, relevé topographique…) ; pour l’audiovisuel (une société de production a employé des drones pour filmer en avance les monuments marquants traversés par le Tour de France) ;  pour les services de l’Etat ayant un besoin de surveillance ou d’évaluation (incendie, catastrophe naturel, secours…)…

Pour bien comprendre le cadre général des drones civils en France, voici l’interview d’Emmanuel Remy, président d’UAS Conseil, qui présente l'emploi, les applications et les enjeux des drones civils :




Réglementation: 
Il faut souligner que la France a pris en 2012 de l’avance dans le développement et l’exploitation des drones civils. Le cadre réglementaire français qui régit leur activité repose sur les deux arrêtés du 11 avril 2012 « relatif à l'utilisation de l'espace aérien par les aéronefs qui circulent sans personne à bord » et celui « relatif à la conception des aéronefs civils qui circulent sans aucune personne à bord, aux conditions de leur emploi et sur les capacités requises des personnes qui les utilisent ». Le marché s’articule autour de quatre scenarii de vols (présentés ici par la Fédération Professionnelle du Drone Civil).
Beaucoup considèrent le cadre réglementaire comme trop limitatif mais la DGAC a pris l'initiative d'ouvrir le marche et est allée aussi loin que possible. La première étape consiste à éprouver les drones et vérifier leur fiabilité pour à moyen terme élargir le champ d’applications et convaincre l’autorité européenne – l’EASA. Une affaire de temps… dans la crainte que les professionnels français perdent leur avance face aux Etats Unis (Drones civils : l'Europe risque de rester à la traîne derrière les Etats-Unis)

La tension est donc très forte sur la réglementation de la DGAC. On vous rapporte ici la situation où un système de drones (deux appareils et une station sol de contrôle) de la Sécurité Civile « ne peut quasiment pas utiliser ses appareils du fait des contraintes réglementaires » (Usine Nouvelle). La société Bertin qui commercialise le drone HoverEye-Ex s’est plaint publiquement de la « réglementation castratrice » de la DGAC sur l’emploi des drones civils.  



Applications: 
Exemple d'une inspection de lignes à haute tension pour anticiper des mesures de maintenance sur les équipements.

En France, ERDF a un fort besoin d’évaluation de son réseau électrique et ses entités régionales ont de plus en plus recours aux services de prestataires de drone. 
ERDF Rhône-Alpes a contracté avec la société Delta Drone pour utiliser leurs appareils dans le cadre d'opérations de maintenance de lignes basse et moyenne tension. Les besoins d’ERDF :
- une cartographie en 3D de ses transformateurs de forte puissance
- une expérimentation pour détecter des incidents sur les lignes électriques en région et la réalisation de diagnostic pour les campagnes d'élagage périodique autour des lignes aériennes. (F3 Rhône-Alpes)


ERDF Midi-Pyrénées a choisi Delair Tech  pour  survoler le réseau moyenne tension du Gers (Sud Ouest). Delair présente également le survol par drone de l'usine hydroélectrique de Vouglans pour le compte de Veolia (ici).  

Les sociétés présentes dans la FPDC: 
Présentation d’Azurdrones


Présentation de RedBird


Présentation d’Infotron 

Présentation de Fly N Sense

                                                                                                                                                 


Le cas américain: 
Aux Etats Unis, le marché des drones civils est poussé à la fois par des industriels de la défense comme AeroVironment qui a fourni des milliers des drones légers pour les militaires et qui veulent se diversifier, par d’anciens de la Défense comme Jonathan Downey ex-Boeing et fondateur d’AirWare, et par des startup (3D Robotics ; Skycatch…) qui apportent des nouvelles technologies à un coût très bas. Les deux principaux freins du marché sont la sécurité aérienne et l’évolution du cadre réglementaire.
Verbatim: “ One of the existing defence contractors that is more excited about the potential domestic market is AeroVironment, which sells military products such as the Raven, a small surveillance drone that is launched by hand, weighs around 2kg and costs $40,000. The company believes that lower costs and its history selling to the Pentagon will give it advantages when pitching to the farmers and other civilian customers who might begin to buy drones. “ (FT)
Chris Anderson, 3D Robotics: Its company “sells small, easy-to-assemble models that can cost as little as $500. […] The PC beat out the mainframe and the cell phone beat out satellite phones. The bottom-up model fits for fast-moving technologies. It is easy to see the same thing happening with drones.“ (FT)



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